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derniers efforts.

Ai ya, mon maître Jos ! Je pense que j’aurais mille et dix mille fois mieux fait de ne jamais mettre le pied dans un pays si peu confortable !

— Peut-être ! » répliqua Jos Meritt.

La trahison était tellement caractérisée, en somme, que Mrs. Branican dut se rendre.

« Mais pourquoi m’avoir trompée ? se demandait-elle. Qu’ai-je fait à Len Burker ?… N’avais-je pas oublié le passé ?… Ne les ai-je point accueillis comme mes parents, sa malheureuse femme et lui ?… Et il nous abandonne, il nous laisse sans ressources, et il me vole le prix de la liberté de John !… Mais pourquoi ? »

Personne ne connaissait le secret de Len Burker, et personne n’aurait pu répondre à Mrs. Branican. Seule, Jane eût été à même de révéler ce qu’elle savait des abominables projets de son mari, et Jane n’était plus là.

Il n’était que trop vrai, cependant, Len Burker venait de mettre à exécution un plan préparé de longue main, un plan qui semblait avoir toutes les chances de réussite. Sous la promesse d’être bien payés, les noirs de l’escorte s’étaient facilement prêtés à ses vues. Au plus fort de la tourmente, tandis que deux des indigènes entraînaient Jane, sans qu’il eût été possible d’entendre ses cris, les autres avaient poussé vers le nord les chameaux dispersés autour du campement.

Personne ne les avait aperçus au milieu d’une obscurité profonde, épaissie par les tourbillons de poussière, et, avant le jour, Len Burker et ses complices étaient déjà à quelques milles dans l’est de Joanna-Spring.

Jane étant séparée de Dolly, son mari n’avait plus à craindre que, pressée par ses remords, elle en vint à trahir le secret de la naissance de Godfrey. D’ailleurs, dépourvus de vivres et de moyens de transport, il avait tout lieu de croire que Mrs. Branican et ses compagnons périraient au milieu des solitudes de Great-Sandy-Desert.