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mistress branican.

relevait, afin d’observer l’horizon vers le nord. Cet horizon était d’une clarté et même d’une pureté sinistre. La lune, couchée en même temps que le soleil, avait disparu derrière les dunes de l’ouest. Des centaines d’étoiles brillaient autour de la Croix du Sud qui étincelle au pôle antarctique du globe.

Un peu avant trois heures, cette illumination du firmament s’effaça. Une soudaine obscurité enveloppa la plaine d’un horizon à l’autre.

« Alerte !… Alerte !… cria Tom Marix.

— Qu’y a-t-il ? » demanda Mrs. Branican, qui s’était brusquement relevée.

Auprès d’elle, Jane et la femme Harriett, Godfrey et Zach Fren, cherchaient à se reconnaître à travers cette obscurité. Les bêtes, étendues sur le sol, redressaient leurs têtes, s’effaraient en poussant des cris rauques d’épouvante.

« Mais qu’y a-t-il ?… redemanda Mrs. Branican.

— Le simoun ! » répondit Tom Marix.

Et ce furent les dernières paroles qui purent être entendues. L’espace s’était empli d’un tel tumulte, que l’oreille ne parvenait pas plus à y percevoir un son que les yeux à saisir une lueur au milieu de ces ténèbres.

C’était bien le simoun, ainsi que l’avait dit Tom Marix, un de ces ouragans subits, qui bouleversent les déserts australiens sur de vastes étendues. Un nuage énorme s’était levé du sud, et s’abattait sur la plaine — nuage formé non seulement de sable, mais des cendres arrachées à ces terrains calcinés par la chaleur.

Autour du campement, les dunes, se mouvant comme fait la houle de mer, déferlaient, non en embruns liquides, mais en poussière impalpable. Cela aveuglait, assourdissait, étouffait. On eût dit que la plaine allait se niveler sous cette rafale, déchaînée au ras du sol. Si les tentes eussent été dressées, il n’en serait pas resté un lambeau.

Tous sentaient l’irrésistible torrent d’air et de sable passer sur eux comme le cinglement d’une mitraille. Godfrey tenait Dolly à deux