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mistress branican.

les chapeaux de fabrication étrangère n’étaient point rares parmi les peuplades du nord-ouest. Dans les grandes cérémonies, les chapeaux coiffaient habituellement la tête des principaux chefs australiens.

« Vous comprenez, mistress Branican, fit observer Jos Meritt, retrouver le capitaine John, c’est très bien !… Mais, de mettre la main sur le trésor historique que je poursuis à travers les cinq parties du monde, c’est encore mieux…

— Évidemment ! » répondit Mrs. Branican.

Et n’était-elle pas faite aux monomanies de son bizarre compagnon de voyage.

« Vous avez entendu, Gîn-Ghi ? ajouta Jos Meritt, en se tournant vers son serviteur.

— J’ai entendu, mon maître Jos, répondit le Chinois. Et quand nous aurons trouvé ce chapeau…

— Nous reviendrons en Angleterre, nous rentrerons à Liverpool, et là, Gîn-Ghi, élégamment coiffé d’une calotte noire, vêtu d’une robe de soie rouge, drapé d’un macoual en soie jaune, vous n’aurez plus d’autre fonction que de montrer ma collection aux amateurs. Êtes-vous satisfait ?…

— Comme la fleur haïtang, qui va s’épanouir sous la brise, lorsque le lapin de Jade est descendu vers l’Occident, » répondit le poétique Gîn-Ghi.

Toutefois, il secouait la tête d’un air aussi peu convaincu de son bonheur à venir que si son maître lui eût affirmé qu’il serait nommé mandarin à sept boutons.

Len Burker avait assisté à la conversation de Tom Marix et des deux indigènes dont il comprenait le langage, mais sans y prendre part. Pas une question relative au capitaine John n’était venue de lui. Il écoutait attentivement, notant dans sa mémoire les détails qui se rapportaient à la situation actuelle des Indas. Il regardait sur la carte l’endroit que la tribu occupait probablement alors vers le cours supérieur de la rivière Fitz-Roy. Il calculait la dis-