29 janvier. — Nous sommes arrivés sur le bord d’un petit lac, une sorte de lagon, que Tom Marix croit être le White-Lake. Il justifie son nom de « lac blanc », car, à la place de l’eau qui s’est évaporée, c’est une couche de sel qui occupe le fond de ce bassin. Encore un reste de cette mer intérieure qui séparait autrefois l’Australie en deux grandes îles.
Zach Fren a renouvelé notre provision de sel ; nous aurions préféré trouver de l’eau potable.
Il y a dans les environs une grande quantité de rats, plus petits que le rat ordinaire. Il faut se prémunir contre leurs attaques. Ce sont des animaux si voraces qu’ils rongent tout ce qu’on laisse à leur portée.
Du reste, les noirs n’ont point trouvé que ce fût là un gibier à dédaigner. Ayant réussi à attraper quelques douzaines de ces rats, ils les ont apprêtés, les ont fait cuire, et se sont régalés de cette chair assez répugnante. Il faudrait que nous fussions bien à court de vivres pour nous résigner à cette nourriture. Dieu veuille que nous n’en soyons jamais réduits là !
Nous voici maintenant à la limite du désert compris sous le nom de Great-Sandy-Desert.
Pendant les derniers vingt milles, le terrain s’est graduellement modifié. Les touffes de spinifex sont moins serrées, et cette maigre verdure tend à disparaître. Le sol est-il donc si aride qu’il ne puisse suffire à cette végétation si peu exigeante ? Qui ne le croirait en voyant l’immense plaine, ondulée de monticules de sable rouge, et sans qu’il y ait trace d’un lit de creek. Cela donne à supposer qu’il ne pleut jamais sur ces territoires dévorés de soleil, — pas même dans la saison d’hiver.
Devant cette aridité lamentable, cette sécheresse inquiétante, il n’est pas un de nous qui ne se sente saisi des plus tristes pressentiments. Tom Marix me montre sur la carte ces solitudes désolées : c’est un espace laissé en blanc que sillonnent les itinéraires de Giles et de Gibson. Vers le nord, celui du colonel Warburton