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au delà de la station d'alice-spring.

Ce brave courrier répondit obligeamment et simplement. Il avait entendu parler — comme tout le monde — de la catastrophe du Franklin ; toutefois, il ignorait qu’une expédition, organisée par la femme de John Branican, eût quitté Adélaïde pour explorer les régions centrales du continent australien. Mrs. Branican lui apprit aussi que, d’après les révélations de Harry Felton, c’était parmi les peuplades de la tribu des Indas que le capitaine John était retenu depuis quatorze ans.

« Et, dans vos courses, demanda-t-elle, avez-vous eu des relations avec les indigènes de cette tribu ?

— Non, mistress, bien que ces Indas se soient parfois rapprochés de la Terre Alexandra, répondit le courrier, et que j’aie souvent entendu parler d’eux.

— Peut-être pourriez-vous nous dire où ils se trouvent actuellement ? demanda Zach Fren.

— Avec ces nomades, ce serait difficile… Une saison, ils sont ici, une autre, ils sont là-bas…

— Mais, en dernier lieu ?… reprit Mrs. Branican, qui insista sur cette question.

— Je crois pouvoir affirmer, mistress, répondit le courrier, que ces Indas étaient, il y a six mois, dans le nord-ouest de l’Australie orientale, du côté de la rivière Fitz-Roy. Ce sont les territoires que fréquentent volontiers les peuplades de la Terre de Tasman. Mille diables ! vous savez que pour atteindre ces territoires, il faut traverser les déserts du centre et de l’ouest, et je n’ai pas à vous apprendre à quoi on s’expose !… Après tout, avec du courage et de l’énergie, on va loin… Donc, faites-en provision, et bon voyage, mistress Branican ! »

Le courrier accepta encore un grand verre de wiskey, et même quelques boîtes de conserves qu’il glissa dans ses fontes. Puis, remontant à cheval, il disparut en contournant la dernière pointe des Mac-Donnell-Ranges.

Deux jours après, la caravane dépassait les extrêmes contreforts