Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.
327
au delà de la station d'alice-spring.

plutôt par bonté que par curiosité aux innocentes fantaisies de ce maniaque.

— Non, mistress, non… Un chapeau de femme… Mais de quelle femme !… Vous m’excuserez si je tiens à garder le secret sur son nom et sa qualité… de crainte d’exciter la concurrence… Songez donc, mistress… si quelqu’autre…

— Enfin avez-vous un indice ?…

— Un indice ?… Bien !… Oh !… Très bien ! Ce que j’ai appris à grand renfort de correspondances, d’enquêtes, de pérégrinations, c’est que ce chapeau a émigré en Australie, après d’émouvantes vicissitudes, et que, parti de haut… oui, de très haut !… il doit orner maintenant la tête d’un souverain de tribu indigène…

— Mais cette tribu ?…

— C’est l’une de celles qui parcourent le nord ou l’ouest du continent. Bien !… Oh !… Très bien ! S’il le faut, je les visiterai toutes… je les fouillerai toutes… Et, puisqu’il est indifférent que je commence par l’une ou par l’autre, je vous demande la permission de suivre votre caravane jusque chez les Indas.

— Très volontiers, monsieur Meritt, répondit Dolly, et je vais donner l’ordre que l’on se procure, s’il est possible, deux chameaux supplémentaires…

— Un seul suffira, mistress, un seul pour mon domestique et pour moi… d’autant mieux que je me propose de monter la bête et que Gîn-Ghi se contentera d’aller à pied.

— Vous savez que nous devons partir demain matin, monsieur Meritt ?

— Demain ?… Bien !… Oh !… Très bien ! Ce n’est pas moi qui vous retarderai, mistress Branican. Mais il est entendu, n’est-il pas vrai, que je ne m’occupe aucunement de ce qui concerne le capitaine John… Cela, c’est votre affaire… Je ne m’occupe que de mon chapeau…

— De votre chapeau, c’est convenu, monsieur Meritt ! » répondit Dolly.