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mistress branican.

les bouviers et les gens de l’escorte, noirs ou blancs, leur faim apaisée, dormaient en attendant le départ.

Mrs. Branican, Jane et Godfrey formaient un groupe à part. La servante indigène Harriett leur avait apporté un panier contenant quelques provisions. Tout en déjeunant, ils s’entretenaient de leur prochaine arrivée à la station d’Alice-Spring. L’espérance qui n’avait jamais abandonné Dolly, le jeune novice la partageait absolument, et, lors même qu’il n’y aurait pas eu motif d’espérer, rien n’eût ébranlé leurs convictions. Tous, d’ailleurs, étaient pleins de foi dans le succès de la campagne, leur résolution formelle étant de ne plus quitter la terre australienne tant qu’ils ne seraient pas fixés sur le sort du capitaine John.

Il va de soi que Len Burker, affectant de nourrir ces mêmes idées, ne ménageait point ses encouragements, lorsqu’il en trouvait l’occasion. Cela entrait dans son jeu ; car il avait intérêt à ce que Mrs. Branican ne retournât pas en Amérique, puisqu’il était interdit à lui d’y revenir. Dolly, ne soupçonnant rien de ses odieuses trames, lui savait gré de ce qu’il l’appuyait.

Pendant cette halte, Zach Fren et Tom Marix s’étaient mis à causer de la réorganisation qu’il conviendrait de donner à la caravane, avant de quitter la station d’Alice-Spring. Grave question. N’était-ce pas alors que commenceraient les véritables difficultés d’une expédition à travers l’Australie centrale ?

Il était une heure et demie environ, lorsqu’un bruit sourd se fit entendre dans la direction du nord. On eût dit un tumulte prolongé, un roulement continu, dont les lointaines rumeurs se propageaient jusqu’au campement.

Mrs. Branican, Jane et Godfrey qui s’étaient relevés, prêtaient l’oreille.

Tom Marix et Zach Fren venaient de s’approcher d’eux, et, le regard tendu, écoutaient.

« D’où peut provenir ce bruit ? demanda Dolly.

— Un orage, sans doute ? dit le maître.