Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/338

Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
en remontant vers le nord.

— Oui !… C’est là que nous l’avons porté, chère Dolly, répondit Jane. C’est là qu’est sa tombe… au milieu des fleurs !

— Jane !… Jane !… s’écria Dolly, puisque Dieu ne m’a pas rendu mon enfant, qu’il me rende son père, qu’il me rende John ! »

Le 15 octobre, à six heures du soir, après avoir laissé en arrière le mont Humphries, la caravane s’arrêta sur le bord du Palmer-creek, un des affluents de la Finke-river. Ce creek était presque à sec, n’étant alimenté, ainsi que la plupart des rios de ces régions, que par les eaux pluviales. Il fut donc très aisé de le franchir, ainsi que l’on fit du Hughes-creek, à trois jours de là, trente-quatre milles plus au nord.

En cette direction, l’Overland-Telegraf-Line tendait toujours ses fils aériens au-dessus du sol — ces fils d’Ariane qu’il suffisait de suivre de station en station. On rencontrait çà et là quelques groupes de maisons, plus rarement des fermes, où Tom Marix, en payant bien, se procurait de la viande fraîche. Godfrey et Zach Fren, eux, allaient aux informations. Les squatters s’empressaient de les renseigner sur les tribus nomades qui parcouraient ces territoires. N’avaient-ils point entendu parler d’un blanc, retenu prisonnier chez les Indas du nord ou de l’ouest ? Savaient-ils si des voyageurs s’étaient récemment aventurés à travers ces lointains districts ? Réponses négatives. Aucun indice, si vague qu’il fût, ne pouvait mettre sur les traces du capitaine John. De là, nécessité de se hâter, afin d’atteindre Alice-Spring, dont la caravane était encore éloignée d’au moins quatre-vingts milles.

À partir de Hughes-creek, le cheminement devint plus difficile, et la moyenne de marche, obtenue jusqu’à ce jour, fut notablement diminuée. Le pays était très montueux. D’étroites gorges se succédaient, coupées de ravins à peine praticables, qui sinuaient entre les ramifications des Water-House-Ranges. En tête, Tom Marix et Godfrey recherchaient les meilleures passes. Les piétons et les cavaliers y trouvaient facilement passage, même les buggys que leurs chevaux enlevaient sans trop de peine, et il n’y avait pas lieu de s’en