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télégraphique. Déjà, cependant, la saison chaude était suffisamment avancée pour que ces sources fussent sur le point de se tarir, et il n’était pas difficile de trouver des gués pour les attelages lorsqu’il s’agissait de faire passer quelque creek.

On pouvait observer, d’ailleurs, que la puissante végétation ne tendait pas à s’amoindrir encore. Si les villages ne se rencontraient qu’à de plus longs intervalles, les établissements agricoles se succédaient d’étape en étape. Des haies d’acacias épineux, entremêlées de quelques églantiers à fleurs odorantes, dont l’air était embaumé, leur formaient des enclos impénétrables. Quant aux forêts, moins épaisses, les arbres d’Europe, le chêne, le platane, le saule, le peuplier, le tamarinier, s’y raréfiaient au profit des eucalyptus et surtout de ces gommiers qui sont nommés « spotted-gums » par les Australiens.

« Quels diables d’arbres est-ce là ? s’écria Zach Fren la première fois qu’il aperçut une cinquantaine de ces gommiers réunis en massif. On dirait que leur tronc est peinturluré de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

— Ce que vous appelez une couche de peinture, maître Zach, répondit Tom Marix, c’est une couleur naturelle. L’écorce de ces arbres se nuance suivant que la végétation avance ou retarde. En voici qui sont blancs, d’autres roses, d’autres rouges. Tenez ! regardez ceux-là, dont le tronc est rayé de bandes bleues ou tacheté de plaques jaunes…

— Encore une drôlerie de plus à joindre à celles qui distinguent votre continent, Tom Marix.

— Drôlerie si vous voulez, mais croyez bien, Zach, que vous faites un compliment à mes compatriotes en leur répétant que leur pays ne ressemble à aucun autre. Et il ne sera parfait…

— Que lorsqu’il n’y restera plus un seul indigène ; c’est entendu ! » répliqua Zach Fren.

Ce qu’il y avait à remarquer également, c’est que, malgré l’insuffisant ombrage de ces arbres, les oiseaux les recherchaient en grand nombre. C’étaient quelques pies, quelques perruches, des