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mistress branican.

— Devancés, Zach ?…

— Oui, mistress. Ne vous souvenez-vous pas de cet Anglais et de son domestique chinois, qui avaient pris passage à bord du Brisbane, de Melbourne à Adélaïde ?

— En effet, répondit Dolly, mais ces passagers ont débarqué à Adélaïde. N’y sont-ils point restés ?…

— Non, mistress. Il y a trois jours, Jos Meritt — c’est ainsi qu’il se nomme — est arrivé à Farina-Town par le railway. Il m’a même demandé des détails circonstanciés touchant notre expédition, la route qu’elle comptait suivre, et se contentant de répondre : « Bien !… Oh !… Très bien ! » tandis que son Chinois, hochant la tête semblait dire : « Mal !… Oh !… Très mal ! » Puis, le lendemain, au petit jour, l’un et l’autre ont quitté Farina-Town en se dirigeant vers le nord.

— Et comment voyagent-ils ?… demanda Dolly.

— Ils voyagent à cheval ; mais, une fois la station d’Alice-Spring atteinte, ils changeront comme qui dirait leur bateau à vapeur pour un bateau à voiles, — ce que nous ferons en somme.

— Est-ce que cet Anglais est un explorateur ?…

— Il n’en a point l’air, et ressemble plutôt à une espèce de gentleman maniaque comme un vent de sud-ouest !

— Et il n’a pas dit à quel propos il s’aventurait dans le désert australien ?

— Pas un mot de cela, mistress. Néanmoins, seul avec son Chinois, j’imagine qu’il n’a point l’intention de s’exposer à quelque mauvaise rencontre en dehors des régions habitées de la province. Bon voyage je lui souhaite ! Peut-être le retrouverons-nous à Alice-Spring ! »

Le lendemain, 11 septembre, à cinq heures de l’après-midi, tous les préparatifs étaient terminés. Les chariots avaient reçu leur charge d’approvisionnements en quantités suffisantes pour les nécessités de ce long voyage. C’étaient des conserves de viande et de légumes aux meilleures marques américaines, de la farine, du thé, du sucre