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mistress branican.

ce n’est pour annoncer sa mort, et encore cette lettre ne serait-elle pas de sa propre main.

Telle était la singulière missive qu’avait reçue Mrs. Branican. Qu’elle dût être l’héritière, la légataire universelle de son oncle Starter, cela n’était point à mettre en doute. Elle posséderait un jour cette fortune de cinq cent mille dollars, qui serait probablement très accrue par le travail de cet habile défricheur de forêts. Mais, comme Starter jeune manifestait très nettement son intention de dépasser la centaine, — et l’on sait si ces Américains du Nord sont tenaces, — John Branican avait sagement fait de ne point abandonner le métier de marin. Son intelligence, son courage, sa volonté aidant, il est probable qu’il acquerrait pour sa femme et son enfant une certaine aisance, bien avant que l’oncle Starter eût consenti à partir pour l’autre monde.

Telle était donc la situation du jeune ménage, au moment où le Franklin faisait voile pour les parages occidentaux du Pacifique. Cela étant établi pour l’intelligence des faits qui vont se dérouler dans cette histoire, il convient d’appeler maintenant l’attention sur les seuls parents que Dolly Branican eût à San-Diégo, M. et Mrs. Burker.

Len Burker, Américain d’origine, âgé alors de trente et un ans, n’était venu se fixer que depuis quelques années dans la capitale de la basse Californie. Ce Yankee de la Nouvelle-Angleterre, froid de physionomie, dur de traits, vigoureux de corps, était très résolu, très agissant et aussi très concentré, ne laissant rule pageien voir de ce qu’il pensait, ne disant rien de ce qu’il faisait. Il est de ces natures qui ressemblent à des maisons hermétiquement fermées, et dont la porte ne s’ouvre à personne. Cependant, à San-Diégo, aucun bruit fâcheux n’avait couru sur le compte de cet homme si peu communicatif, que son mariage avec Jane Burker avait fait le cousin de John Branican. Il n’y avait donc pas lieu de s’étonner que celui-ci, n’ayant d’autre famille que les Burker, leur eût recommandé Dolly et son enfant. Mais, en réalité, c’était plus spécialement aux soins