Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
un chapeau historique.

que cette surprenante ressemblance, qui lui rappelait l’image de John.

Désormais, Dolly serait tout à son œuvre, et s’occuperait sans arrêt des préparatifs de l’expédition. Elle ferait appel à tous les concours, à tous les dévouements. Elle saurait dépenser, s’il le fallait, sa fortune entière en ces nouvelles recherches, stimuler par des primes importantes le zèle de ceux qui uniraient leurs efforts aux siens dans une suprême tentative.

Les dévouements ne devaient pas lui faire défaut. Cette province de l’Australie méridionale, c’est par excellence la patrie des audacieux explorateurs. De là les plus célèbres pionniers se sont lancés à travers les territoires inconnus du centre. De ses entrailles sont sortis les Warburton, les John Forrest, les Giles, les Sturt, les Lindsay, dont les itinéraires s’entrecroisent sur les cartes de ce vaste continent, — itinéraires que Mrs. Branican allait obliquement couper du sien. C’est ainsi que le colonel Warburton, en 1874, traversa l’Australie dans toute sa largeur sur le vingtième degré de l’est au nord-ouest jusqu’à Nichol-Bay, — que John Forrest, en la même année, se transporta en sens contraire, de Perth à Port-Augusta, — que Giles, en 1876, partit également de Perth pour gagner le golfe Spencer sur le vingt-cinquième degré.

Il avait été convenu que les divers éléments de l’expédition, matériel et personnel, seraient réunis, non pas à Adélaïde, mais au point terminus du railway, qui remonte vers le nord à la hauteur du lac Eyre. Cinq degrés franchis dans ces conditions, ce serait gagner du temps, éviter des fatigues. Au milieu des districts sillonnés par le système orographique des Flinders-Ranges, on trouverait à rassembler le nombre de chariots et d’animaux nécessaires à cette campagne, les chevaux de l’escorte, les bœufs destinés au transport des vivres et effets de campement. À la surface de ces interminables déserts, de ces immenses steppes de sable, dépourvus de végétation, presque sans eau, il s’agissait de pourvoir aux besoins d’une caravane, qui comprendrait une quarantaine de personnes, en