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godfrey.

— Comme vous dites. Je vois que vous savez.

— Je sais… à la recherche de son mari… absent depuis quatorze ans… Bien !… Oh !… Très bien !

— Comment… très bien ?…

— Oui !… Mistress Branican… Très bien !… Moi aussi… je suis à la recherche…

— De votre femme ?…

— Oh !… pas marié !… Très bien !… Si j’avais perdu ma femme, je ne la chercherais pas.

— Alors, c’est pour ?…

— Pour retrouver… un chapeau.

— Votre chapeau ?… Vous avez égaré votre chapeau ?…

— Mon chapeau ?… Non !… C’est le chapeau… je m’entends… Vous présenterez mes hommages à mistress Branican… Bien !… Oh !… Très bien !… »

Les lèvres de Jos Meritt se refermèrent et ne laissèrent plus échapper une seule syllabe.

« C’est une espèce de fou, » se dit Zach Fren.

Et il lui sembla que ce serait de la puérilité que de s’occuper plus longtemps de ce gentleman.

Lorsque Dolly reparut sur le pont, le maître vint la rejoindre, et tous deux allèrent s’asseoir à peu près en face de l’Anglais. Celui-ci ne bougea pas plus que le dieu Terme. Ayant chargé Zach Fren de présenter ses hommages à Mrs. Branican, il pensait sans doute qu’il n’avait point à le faire en personne.

Du reste, Dolly ne remarqua pas la présence de ce bizarre passager. Elle eut un long entretien avec son compagnon, touchant les préparatifs du voyage, qui seraient commencés dès leur arrivée à Adélaïde. Pas un jour, pas une heure à perdre. Il importait que l’expédition eût atteint et dépassé, si c’était possible, les territoires du pays central, avant qu’ils fussent desséchés sous les intolérables chaleurs de la zone torride. Entre les dangers de diverses sortes, inhérents à une recherche entreprise dans ces conditions, les plus terribles