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campagne dans la mer de timor.

nican est tombé au pouvoir des indigènes de cette partie du continent, il n’est pas supposable que son équipage et lui aient survécu. Mais, ce qui nous importe, c’est de savoir s’il existe encore quelques débris du Franklin, au cas où les Australiens l’auraient fait échouer dans le golfe de Cambridge…

— Ce qui ne m’étonnerait pas de la part de ces coquins ! » répondit Zach Fren.

La tâche du maître étant bien justifiée, il la remplit consciencieusement, en se tenant toujours sur le qui-vive. Il conduisit sa chaloupe jusqu’à l’île Adolphus, presque au fond du golfe ; il en fit le tour, et ne découvrit rien qui l’engageât à porter plus loin ses investigations.

Le Dolly-Hope reprit alors sa route au delà du golfe de Cambridge, contourna le cap Dusséjour, et remonta vers le nord-ouest, en longeant la côte qui appartient à l’une de ces grandes divisions de l’Australie, connue sous le nom d’Australie Occidentale. Les îlots y sont nombreux, les anses s’y découpent très capricieusement. Mais, ni au cap Rhuliers, ni au promontoire de Londonderry, un résultat quelconque ne vint payer l’équipage de tant de fatigues, si courageusement acceptées.

Les fatigues et les dangers de cette navigation furent bien autrement graves, lorsque le Dolly-Hope eut doublé le promontoire de Londonderry. Sur cette côte, directement assaillie par les grandes houles de l’océan Indien, il existe peu de refuges praticables, dans lesquels un bâtiment désemparé puisse se mettre à l’abri. Or un steamer est toujours à la merci de sa machine, qui peut lui manquer, lorsque les secousses du tangage et du roulis sont dues à de violents coups de mer. À partir de ce promontoire jusqu’à la baie Collier, dans le York-Sund et dans la baie Brunswick, on ne voit qu’un entremêlement d’îlots, un labyrinthe de bas-fonds et de récifs, comparables à ceux qui fourmillent dans le détroit de Torrès. Aux caps Talbot et Bougainville, la côte se défend par un si monstrueux ressac que ses abords ne sont possibles qu’aux embarcations des