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campagne dans la mer de timor.

XIII

campagne dans la mer de timor


Le Dolly-Hope quitta le port de San-Diégo à dix heures du matin, le 3 avril 1882. Au large de la terre d’Amérique, le capitaine Ellis suivit vers le sud-ouest une direction un peu inférieure à celle de sa première campagne. En effet, il voulait atteindre par le plus court la mer d’Arafoura, en franchissant le détroit de Torrès, au-delà duquel avait été rencontré le fragment de guibre du Franklin.

Le 26 avril, on eut connaissance des îles Gilbert, éparses au milieu de ces parages, où les calmes du Pacifique, à cette époque de l’année, rendent la navigation si lente, si pénible pour les navires à voiles. Après avoir laissé dans le nord les deux groupes de Scarborough et de Kingsmill, qui composent cet archipel, situé à huit cents milles du littoral californien, au sud-est des Carolines, le capitaine Ellis s’engagea à travers le groupe de Vanikoro, signalé depuis une quinzaine de lieues par le mont Kapogo, qui pointait à l’horizon.

Ces îles verdoyantes et fertiles, couvertes d’impénétrables forêts sur toute leur étendue, appartiennent à l’archipel Viti. Elles sont cernées de récifs madréporiques, qui en rendent les approches extrêmement dangereuses. C’est là, on le sait, que Dumont d’Urville et Dillon retrouvèrent les débris des bâtiments de Lapérouse, la Recherche et l’Espérance, partis de Brest en 1791, et qui, poussés sur les récifs de Vanikoro, ne devaient jamais revenir.

En vue de cette île si tristement célèbre, il s’opérait un rapprochement bien naturel dans l’esprit des hommes du Dolly-Hope. Le