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mistress branican.

— Que le capitaine John a péri ?… Ah ! cela, non, par exemple ! répliqua le maître.

— Oui !… vous avez l’espoir…

— Plus que l’espoir, mistress Branican… une belle et bonne certitude !… Est-ce qu’un capitaine tel que le capitaine John, cela se perd à la façon d’un béret dans un coup de vent !… Allons donc !… Voilà ce qui ne s’est jamais vu !… »

Ce que disait Zach Fren, et dans ces termes qui témoignent d’une foi absolue, fit palpiter le cœur de Mrs. Branican. Elle ne serait plus seule à croire que John serait retrouvé… Un autre partageait sa conviction… et cet autre, c’était celui à qui elle-même devait la vie… Elle voulait voir là comme une indication de la Providence.

« Merci, Zach Fren, dit-elle, merci !… Vous ne savez pas le bien que vous me faites !… Répétez-moi… répétez-moi que le capitaine John a survécu à ce naufrage…

— Mais oui !… mais oui ! mistress Branican. Et la preuve qu’il a survécu, c’est qu’on le retrouvera un jour ou l’autre !… Et si ce n’est pas là une preuve… »

Puis, Zach Fren dut donner nombre de détails sur les circonstances dans lesquelles l’épave avait été repêchée par le Californian. Enfin Mrs. Branican lui dit :

« Zach Fren, je suis décidée à entreprendre immédiatement de nouvelles recherches.

— Bien… et elles réussiront cette fois… et j’en serai, si vous le permettez, mistress !

— Vous accepteriez de vous joindre au capitaine Ellis ?…

— De grand cœur !

— Merci, Zach Fren !… Je me figure que, vous à bord du Dolly-Hope, ce serait une chance de plus…

— Je le crois, mistress Branican ! répondit le maître, en clignant de l’œil… Oui !… je le crois… et suis prêt à partir… »

Dolly avait pris la main de Zach Fren, elle la pressait comme celle d’un ami. Son imagination l’entraînait, l’égarait peut-être. Mais elle