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mistress branican.

« Eh bien, non ! dit-elle, non !… Le Franklin n’a pas sombré !… Non !… John et son équipage n’ont point péri !… »

Et, l’entretien continuant sur l’instance de Dolly, il fallut que le capitaine Ellis lui rapportât les détails les plus circonstanciés. Elle y revenait sans cesse, questionnant, discutant, ne cédant rien.

Cette conversation se prolongea pendant trois heures, et lorsque Mrs. Branican se disposa à prendre congé du capitaine Ellis, celui-ci lui demanda s’il entrait dans ses intentions que le Dolly-Hope fût désarmé.

« Nullement, capitaine, répondit-elle, et je verrais avec regret que votre équipage et vous eussiez l’intention de débarquer. Peut-on affirmer que de nouveaux indices ne nous amèneront pas à entreprendre une nouvelle campagne ? Si donc vous consentiez à garder le commandement du Dolly-Hope

— Ce serait très volontiers, répondit le capitaine Ellis, mais j’appartiens à la maison Andrew, mistress Branican, et elle peut avoir besoin de mes services…

— Que cette considération ne vous arrête pas, mon cher Ellis, répondit M. William Andrew. Je serai heureux que vous restiez à la disposition de Dolly, puisqu’elle le désire.

— Je suis à ses ordres, monsieur Andrew. Mon équipage et moi nous ne quitterons pas le Dolly-Hope

— Et je vous prie, capitaine, répondit Mrs. Branican, de veiller à ce qu’il soit toujours en état de reprendre la mer ! »

En donnant son consentement, l’armateur n’avait eu d’autre pensée que de déférer aux désirs de Dolly. Mais le capitaine Ellis et lui ne doutaient pas qu’elle renoncerait à une seconde campagne, après les inutiles résultats de la première. Si le temps ne devait jamais affaiblir en elle le souvenir de la catastrophe, il finirait du moins par y détruire tout reste d’espoir.

Ainsi, conformément à la volonté de Mrs. Branican, le Dolly-Hope ne fut pas désarmé. Le capitaine Ellis et ses hommes continuèrent à figurer sur les rôles d’équipage, à toucher leurs