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mistress branican.

golfe du Bengale, dans lequel, en dehors des îles Nicobar et des îles Andaman, des naufragés n’auraient pu trouver refuge. D’ailleurs, il était hors de doute que John Branican n’avait pas paru dans le golfe du Bengale. Or, du moment qu’il n’avait pas fait relâche à Singapore — ce qui n’était que trop certain — c’est qu’il n’avait pu dépasser la limite de la mer de Java et des îles de la Sonde.

Quant à supposer que le Franklin, au lieu de prendre les routes de la Malaisie, eût cherché à se rendre à Calcutta en suivant les difficiles passes du détroit de Torrès, le long de la côte septentrionale du continent australien, aucun marin ne l’eût admis. Le capitaine Ellis affirmait que jamais John Branican n’avait pu commettre cette inutile imprudence de se hasarder au milieu des dangers de ce détroit. Cette hypothèse fut absolument écartée : c’était uniquement sur les parages malaisiens que devaient se poursuivre les recherches.

En effet, dans les mers des Carolines, des Célèbes et de Java, les îles et les îlots se comptent par milliers, et c’était là seulement, s’il avait survécu à un accident de mer, que l’équipage du Franklin pouvait être abandonné ou retenu par quelque tribu, sans aucun moyen de se rapatrier.

Ces divers points établis, il fut décidé qu’une expédition serait envoyée dans les mers de la Malaisie. Mrs. Branican fit une proposition à laquelle elle attachait une grande importance. Elle demanda au capitaine Ellis s’il lui conviendrait de prendre le commandement de cette expédition.

Le capitaine Ellis était libre alors, puisque le Boundary avait été désarmé par la maison Andrew. Aussi, bien que surpris par l’inattendu de la proposition, il n’hésita pas à se mettre à la disposition de Mrs. Branican, avec l’acquiescement de M. William Andrew, qui l’en remercia vivement.

« Je ne fais que mon devoir, répondit-il, et, tout ce qui dépendra de moi pour retrouver les survivants du Franklin, je le ferai !… Si le capitaine est vivant…