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situation difficile.

de Mrs. Branican avait été dévoré par Len Burker. C’eût été avouer qu’il avait été son tuteur, et elle se serait peut-être demandé comment en un temps si court, – deux mois à peine, – tant d’événements avaient pu s’accomplir.

Aussi M. William Andrew se borna-t-il à répondre :

« Ne parlez plus de votre modeste position, ma chère Dolly… Elle est bien changée maintenant !

— Que voulez-vous dire, monsieur Andrew ? demanda Mrs. Branican.

— Je veux dire que vous êtes riche… extrêmement riche !

— Moi ?…

— Votre oncle Edward Starter est mort…

— Mort ?… Il est mort !… Et depuis quand ?…

— Depuis… »

M. William Andrew fut sur le point de se trahir, en donnant la date exacte du décès d’Edward Starter, vieille de deux ans déjà, ce qui eût fait connaître l’entière vérité.

Mais Dolly était toute à cette pensée que la mort de son oncle, la disparition de sa cousine, la laissaient sans famille. Et, quand elle apprit que, du fait de ce parent qu’elle avait à peine connu, dont John et elle n’entrevoyaient l’héritage que dans un avenir assez éloigné, sa fortune se montait à deux millions de dollars, elle ne vit là que l’occasion du bien qu’elle aurait pu accomplir.

« Oui, monsieur Andrew, dit-elle, je serais venue au secours de la pauvre Jane !… Je l’aurai sauvée de la ruine et de la honte !… Où est-elle ?… Où peut-elle être ?… Que va-t-elle devenir ?… »

M. William Andrew dut répéter que les recherches faites pour retrouver Len Burker n’avaient donné aucun résultat. Len Burker s’était-il réfugié sur quelque lointain territoire des États-Unis, ou n’avait-il pas plutôt quitté l’Amérique ? Il avait été impossible de le savoir.

« Cependant, s’il n’y a que quelques semaines que Jane et lui ont disparu de San-Diégo, fit observer Mrs. Branican, peut-être apprendra-t-on…