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situation difficile.

— Il ne faut pas l’être, Dolly !… Il n’y a aucune raison d’avoir de l’inquiétude…

— Monsieur Andrew, demanda Mrs. Branican, ne pourriez-vous m’envoyer quelques-uns des journaux où se trouvent les correspondances maritimes ? Je voudrais les lire…

— Certainement, ma chère Dolly, je le ferai… D’ailleurs, si l’on savait quelque chose qui concernât le Franklin… soit qu’il eût été rencontré en mer, soit que sa prochaine arrivée aux Indes fût signalée, j’en serais le premier informé, et aussitôt… »

Mais il convenait de donner un autre tour à l’entretien, Mrs. Branican aurait fini par remarquer l’hésitation avec laquelle lui répondait M. William Andrew, dont le regard se baissait devant le sien, lorsqu’elle l’interrogeait plus directement. Aussi le digne armateur allait-il parler pour la première fois de la mort d’Edward Starter, et de la fortune considérable qui était échue en héritage à sa nièce, lorsque Dolly fit cette question :

« Jane Burker et son mari sont en voyage, m’a-t-on dit ?… Y a-t-il longtemps qu’ils ont quitté San-Diégo ?…

— Non… Deux ou trois semaines…

— Et ne sont-ils pas bientôt près de revenir ?…

— Je ne sais… répondit M. William Andrew. Nous n’avons reçu aucune nouvelle…

— On ignore donc où ils sont allés ?…

— On l’ignore, ma chère Dolly. Len Burker était engagé dans des affaires très aventureuses. Il a pu être appelé loin… très loin…

— Et Jane ?…

— Mistress Burker a dû accompagner son mari… et je ne saurais vous dire ce qui s’est passé…

— Pauvre Jane ! dit Mrs. Branican. J’ai pour elle une vive affection, et je serai heureuse de la revoir… N’est-ce pas la seule parente qui me reste ! »

Elle ne songeait même pas à Edward Starter, ni au lien de famille qui les unissait.