dont le chef Chitomé est de vertu divine, enfin les courtiers, les marchands, les clients, c’est-à-dire le peuple.
Quant aux esclaves, il y en a beaucoup, il y en a trop. On ne les vend plus à l’étranger, il est vrai, et c’est une des conséquences de l’intervention européenne pour l’abolissement de la traite. Est-ce bien le souci de la dignité, de la liberté humaine, qui a provoqué cette abolition ? Tel n’était point l’avis de Gildas Trégomain, lequel se montra parfait connaisseur des hommes et des choses, quand, ce jour-là, il dit à Juhel :
« Si on n’avait pas inventé le sucre de betteraves, et si l’on ne se servait que de sucre de canne pour sucrer son café, la traite s’exercerait encore et probablement s’exercerait toujours ! »
Mais, de ce que le roi du Loango est le roi d’un pays qui jouit de toute son indépendance, il ne s’ensuit pas que ses routes soient suffisamment surveillées et les voyageurs à l’abri de tout péril. Aussi eût-il été difficile de trouver un territoire plus favorable, ou une mer plus propice à un mauvais coup.
C’était bien ce dont se préoccupait Juhel, — en ce qui concernait le territoire du moins. Si