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des bords en vue des côtes de Palestine, le jour où Bonaparte faisait fusiller les prisonniers de Jaffa. Un de ces malheureux, qui s’était réfugié sur un rocher, où l’attendait une mort inévitable, fut recueilli par le marin français pendant la nuit, embarqué sur son navire, soigné de ses blessures, et finalement guéri après deux mois de bons traitements.

Ce prisonnier se fit connaître à son sauveur. Il lui dit s’appeler Kamylk-Pacha, être originaire d’Égypte, et, lorsqu’il prit congé, il assura le brave Malouin qu’il ne l’oublierait pas. Le moment venu, celui-ci recevrait des preuves de sa reconnaissance.

Thomas Antifer se sépara de Kamylk-Pacha, poursuivit le cours de ses navigations, pensa plus ou moins aux promesses qui lui avaient été faites, et se résigna à n’y plus songer, car il ne semblait pas qu’elles dussent se réaliser jamais.

En effet, ayant pris sa retraite avec l’âge, le vieux marin était revenu à Saint-Malo, ne songeant plus qu’à s’occuper de l’éducation maritime de son fils Pierre, et il avait déjà soixante-sept ans, lorsqu’une lettre lui arriva en juin 1842.

D’où venait cette lettre écrite en français ?…