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capitaine Zô, parvint à y prendre passage à son tour, non sans avoir échappé à mille dangers, car il avait été suivi du Caire à Alexandrie, et il était épié depuis son arrivée en cette ville.

Cinq jours après, le speronare le déposait au port de Latakié, et, de là, il gagnait Alep, dont il avait fait choix pour sa nouvelle résidence. Maintenant, en Syrie, que pouvait-il redouter de Mourad, sous la protection de son ancien général Abdallah, devenu pacha de Saint-Jean d’Acre ? Comment Méhémet-Ali, si audacieux qu’il fût, aurait-il pu l’atteindre au fond d’une province sur laquelle la Sublime-Porte étendait sa toute-puissante juridiction ?

Cela allait pourtant devenir possible.

En effet, cette année même — 1830, — Méhémet-Ali rompait ses relations avec le sultan. Briser le lien de vassalité qui le rattachait à Mahmoud, ajouter la Syrie à ses possessions de l’Égypte, peut-être devenir souverain de l’Empire ottoman, ces idées n’étaient pas trop hautes pour l’ambition du vice-roi. Le prétexte ne fut pas difficile à trouver.

Des fellahs, tyrannisés par les agents de Méhémet-Ali, avaient dû chercher refuge en