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il se fût laissé prendre. Quand il quittait l’Égypte, c’était pour de longs voyages. Alors, sur un navire lui appartenant, que commandait le capitaine Zô, de cinq ans plus jeune que lui et d’un dévouement à toute épreuve, il promenait sur les mers de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe, son existence sans but, marquée par une indifférence hautaine pour l’humanité.

À ce propos, il y a même lieu de se demander s’il avait oublié le marin français qui l’avait sauvé des fusillades de Bonaparte ? Oublié ?… non, sans doute. De tels services ne s’oublient pas. Mais ces services avaient-ils reçu leur récompense ?… Ce n’était pas probable. Entrait-il dans la pensée de Kamylk-Pacha de les reconnaître plus tard, et n’attendait-il que l’occasion de le faire, si jamais l’une de ses excursions maritimes le conduisait jusque dans les eaux françaises ?… Qui l’eût pu dire ?

D’ailleurs, vers 1812, le riche Égyptien ne put se dissimuler qu’il était étroitement surveillé pendant ses séjours au Caire. Plusieurs voyages qu’il voulut entreprendre lui furent alors interdits par ordre du vice-roi. Grâce