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Un certain Mourad, né en 1786, de six ans plus jeune que lui, était son cousin. Séparés par leurs opinions politiques, ils ne se voyaient pas, bien que tous les deux résidassent au Caire. Kamylk-Pacha était dévoué aux intérêts ottomans, et ce dévouement, on le sait, il l’avait prouvé. Mourad, lui, luttait contre l’influence ottomane autant par ses paroles que par ses actes, et il ne tarda pas à devenir le plus fougueux conseiller de Méhémet-Ali lors de ses entreprises contre le sultan Mahmoud.

Or, ce Mourad, unique parent de Kamylk-Pacha, aussi pauvre que l’autre était riche, ne pouvait compter sur la fortune de son cousin que si une réconciliation s’opérait. Cela ne devait pas arriver. Au contraire, l’animosité, la haine même avec tous les procédés de la violence, allait creuser un abîme plus profond encore entre les deux seuls membres de cette famille.

Dix-huit ans s’écoulèrent de 1806 à 1824, durant lesquels le règne de Méhémet-Ali ne fut point troublé par les guerres extérieures. Cependant il eut à lutter contre l’influence croissante et les agissements redoutables des