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cha, grièvement blessé d’une balle. Il le transporta en lieu sûr, il le soigna, il le guérit. Celui-ci pourrait-il jamais oublier un tel service ? Non… Comment il le reconnut, et dans quelles circonstances il le fit, c’est l’objet de cette curieuse et véridique histoire.

Bref, trois mois après, Kamylk-Pacha était sur pied.

La campagne de Bonaparte venait d’échouer devant Saint-Jean d’Acre. Sous le commandement d’Abdallah, pacha de Damas, l’armée turque avait passé le Jourdain le 4 avril, et, d’autre part, l’escadre anglaise de Sydney-Smith croisait dans les parages de la Syrie. Aussi, bien que Bonaparte eût expédié la division Kléber avec Junot, bien qu’il se fût transporté de sa personne sur le lieu du combat, bien qu’il eût écrasé les Turcs à la bataille du Mont-Thabor, il était trop tard, lorsqu’il accourut menacer de nouveau Saint-Jean d’Acre. Un renfort de douze mille hommes était arrivé. La peste apparaissait. Le 20 mai, Bonaparte se décida à lever le siège.

Kamylk-Pacha crut pouvoir se hasarder alors à retourner en Syrie. Revenir en Égypte, pays si profondément troublé à cette époque,