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sonniers, au nombre de quatre mille, pour la plupart Albanais ou Arnautes, eurent été conduits devant Bonaparte, celui-ci fut très gêné de cette capture, craignant que ces redoutables soldats n’allassent renforcer la garnison du pacha de Saint-Jean d’Acre. Aussi, montrant déjà qu’il était de ces conquérants que rien n’arrête, donna-t-il l’ordre de les fusiller.

Cette fois, on ne leur offrait pas, comme aux prisonniers d’El-Arish, de les renvoyer à la condition de ne plus servir. Non ! on les condamnait à mourir. Ils tombèrent sur la grève, et ceux que les balles n’avaient pas atteints, croyant qu’on leur faisait grâce, trouvèrent la mort à mesure qu’ils avançaient vers le rivage.

Ce n’était ni à cette place ni de cette façon que Kamylk-Pacha devait périr. Il se rencontra des hommes, des Français — il convient de le rappeler à leur honneur, — auxquels répugna cet épouvantable massacre, nécessité peut-être par les exigences de la guerre. Ces braves gens parvinrent à sauver plusieurs prisonniers. Ce fut l’un d’eux, un marin de la marine marchande, qui, la nuit, rôdant autour des récifs sur lesquels pouvaient se trouver quelques malheureux, recueillit Kamylk-Pa-