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qui avait halé l’est, obligea de prendre les amures à tribord. Dans l’incertitude de sa position, sur le conseil que Juhel lui fit donner par Sélik, le patron mit en panne en attendant le jour.

Vers les trois heures du matin, le ciel, complètement balayé des hautes brumes, laissa briller ses dernières constellations. Tout faisait espérer une bonne observation.

À l’aube naissante, en effet, le disque du soleil déborda la ligne de l’horizon dans toute sa splendeur. Élargi par la réfraction, empourpré par les basses couches de l’air, sa lumière éclatante s’irradia à la surface du golfe.

Gildas Trégomain crut devoir le saluer, en ôtant poliment son chapeau ciré. Un Guèbre, un Parsi, n’eussent pas plus dévotement accueilli l’apparition de l’astre du jour.

On imagine sans peine quel revirement s’opéra dans les esprits. Avec quelle impatience, tous, passagers et marins, attendirent l’heure où l’observation serait faite ! Ces Arabes n’ignorent pas que les Européens ont des moyens précis de déterminer la position d’un navire, même quand ils n’ont aucune terre en vue. Et cela les intéressait de savoir si la Ber-