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C’est là, paraît-il, ce que le patron fit remarquer à Sélik, en le prévenant que, si le temps ne se modifiait pas le lendemain, il remettrait le cap à l’ouest, afin de rallier la terre. Où la rencontrerait-il ?… Serait-ce à la hauteur de Sohar, de Mascate, ou plus au nord, vers l’entrée du détroit d’Ormuz, ou plus au sud, du côté de l’océan Indien à la hauteur de Raz-el-Had ?…

Sélik crut devoir avertir Juhel des intentions du patron de la Berbera.

« Soit ! » répondit le jeune capitaine.

Et ce fut là toute sa réponse.

Aucun incident jusqu’à la nuit. Au moment où il se couchait derrière les brumes de l’ouest, le soleil ne parvint même pas à les percer. Cependant la pluie s’était réduite à ne plus être qu’une brumaille fine comme l’embrun des lames. Peut-être y avait-il là l’indice d’une modification dans l’état atmosphérique. En outre, le vent avait calmi au point de ne plus se manifester que par quelques souffles intermittents. Pendant ces intermittences, le gabarier, mouillant sa main et l’exposant à l’air, croyait sentir une légère brise naissante de l’est.