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roulis exerçait déjà ses ravages sur Ben-Omar, il s’affala par le capot dans la chambre de l’arrière, qui retentit de longs et douloureux gémissements. Quant aux instruments, on les entoura de mille précautions, — le chronomètre surtout, que Gildas Trégomain portait dans un mouchoir dont il tenait les quatre coins.

Le patron de la perme, — un vieil Arabe de rude mine, — fit larguer les amarres, amurer les voiles, et, sur l’indication de Juhel par l’entremise de Sélik, il mit le cap au nord-est.

On était donc sur la route de l’îlot. Avec le vent d’ouest, vingt-quatre heures auraient suffi à en atteindre le gisement. Mais la contrariante nature ne sait qu’inventer pour vexer les gens. Si la brise soufflait dans une direction favorable, les nuages chassaient à travers les hautes zones du ciel. Ce n’était pas le tout de marcher vers l’est, il fallait arriver au bon endroit, et, pour cela, faire une double observation de longitude et de latitude, la première avant midi, la seconde au moment où le soleil passerait au méridien. Or, pour prendre hauteur, il convient que le disque solaire daigne se montrer, et, ce jour-là, il semblait que le