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plus qu’à la laisser retomber, à larguer le foc et le tape-cul pour gagner le large.

Cette perme, nommée Berbera, était montée par une vingtaine d’hommes, — équipage plus nombreux que ne l’exigeait la manœuvre d’un bâtiment d’une cinquantaine de tonneaux. Juhel ne fut pas sans l’observer, mais il garda pour lui cette observation. Il devait bientôt, d’ailleurs, en faire une autre : c’est que de ces vingt hommes, il y en avait la moitié qui ne semblaient pas être marins. Et, en effet, c’étaient des agents de la police de Sohar, embarqués sous les ordres de Sélik. Aucun homme sensé, au courant de cette situation, n’eût donné dix pistoles des cent millions du légataire de Kamylk-Pacha… s’ils se trouvaient sur l’îlot.

Les passagers sautèrent à bord de la Berbera avec l’agilité de marins rompus à cet exercice. Toutefois, la vérité oblige à dire que, sous le poids de Gildas Trégomain, le léger bâtiment donna sensiblement la bande sur bâbord. L’embarquement du notaire aurait présenté quelques difficultés, car le cœur lui tournait, si Nazim, l’empoignant à bras-le-corps, ne l’eût envoyé par-dessus les pavois. Comme le