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l’eût volontiers assommé sur place, ce craintif tabellion, et peut-être regretta-t-il d’avoir feint d’ignorer la langue française, puisque cela lui interdisait d’intervenir directement dans sa cause.

De son côté, Juhel comprenait bien que l’attitude prise par son oncle vis-à-vis de Ben-Omar ne pouvait qu’empirer les choses. Une dernière fois, il tenta de le lui faire comprendre. L’occasion lui paraissait favorable, le notaire n’étant venu là que pour communiquer avec lui.

« Voyons, mon oncle, dit Juhel, il faut que vous m’écoutiez, dussiez-vous vous mettre dix fois en colère ! Raisonnons une bonne fois, puisque nous sommes des êtres raisonnables…

— Reste à savoir, Juhel, si ce que tu entends par raisonner n’est pas déraisonner !… Enfin, que veux-tu ?…

— Vous demander si, au moment de toucher au but, vous vous obstinerez à ne point vouloir entendre Ben-Omar ?

— Je m’y obstinerai mordicus ! Ce coquin a essayé de me voler mon secret, quand son devoir était de me livrer le sien… C’était un gueux… un Caraïbe…