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— Ils ont tort… absolument tort, répondit Gildas Trégomain, désireux d’apaiser son ami par cette concession.

— Tout cela, c’est ta faute, Juhel !

— Non, mon oncle ! J’ai fait pour le mieux, et notre interprète ne peut tarder à nous rejoindre… Après tout, s’il ne vous inspire pas confiance, utilisez Ben-Omar et son clerc, qui parlent l’arabe… Les voilà sur le quai…

— Eux ?… jamais !… C’est bien assez… c’est déjà trop de les avoir à sa remorque !

— Ben-Omar a l’air de vouloir nous accoster, fit observer Gildas Trégomain.

— Eh bien, qu’il le fasse, gabarier, et je lui promets une bordée à le couler bas ! »

En effet, Saouk et le notaire manœuvraient dans les eaux du Malouin. Lorsque celui-ci avait quitté le caravansérail, ils s’étaient empressés de le suivre. Leur devoir n’était-il pas de ne point le perdre de vue, leur droit, d’assister au dénouement de cette entreprise financière, qui menaçait de tourner au drame ?

Aussi Saouk pressait-il Ben-Omar d’interpeller le terrible Pierre-Servan-Malo. Mais, à voir l’état de fureur de celui-ci, le notaire se souciait peu d’affronter ses violences. Saouk