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— Eh ! c’est le tort que tu as eu !… Si tu lui avais remis un bel acompte…

— Puisque vous dites qu’il veut nous voler ?…

— N’importe !… »

De s’engager au milieu de ces idées contradictoires, Gildas Trégomain et Juhel ne l’essayèrent même pas. Ce qui importait, c’était de contenir le Malouin, de l’empêcher de faire quelque sottise ou du moins quelque imprudence, de lui conseiller une attitude qui ne donnât pas prise aux soupçons. Y réussiraient-ils, avec un homme qui ne voulait rien écouter ?… Est-ce qu’il n’y avait pas des barques de pêche amarrées dans le port ?… Est-ce qu’il ne suffisait pas d’en prendre une… de s’entendre avec l’équipage… de s’embarquer… d’appareiller… de mettre le cap au nord-est ?…

« Mais comment comprendre ces gens-là, répétait Juhel, puisque nous ne savons pas un mot d’arabe ?…

— Et qu’ils ne savent pas un mot de français ! ajouta le gabarier en insistant.

— Pourquoi ne le savent-ils pas ? riposta maître Antifer, au comble de la fureur.