Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tigues dues surtout à la chaleur. Le gabarier put croire qu’il allait se dissoudre comme un de ces blocs de glace des mers boréales qui dérivent vers les basses latitudes. Très certainement, il perdit un dixième de son poids spécifique, à l’évidente satisfaction du porteur à deux bosses qu’il écrasait sous sa masse.

Aucun incident n’est à signaler pendant ces dernières étapes. Ce qu’il faut noter, c’est que l’Arabe, — il se nommait Sélik, — fit plus ample connaissance avec Juhel, grâce à leur commune pratique de la langue anglaise. Mais, que l’on se rassure, le jeune capitaine se tint toujours dans une prudente réserve et ne livra rien des secrets de son oncle. La recherche d’une ville du littoral, favorable à l’établissement d’un comptoir, c’est-à-dire la fable déjà imaginée pour l’agent français de Mascate, fut également servie au soi-disant interprète.

Celui-ci y ajouta-t-il foi ? Juhel dut le croire. Il est vrai, le finaud ne jouait ce jeu que pour en apprendre davantage.

Bref, dans l’après-midi du 27 mars, après quatre jours et demi de cheminement, la caravane franchit l’enceinte de Sohar.