que nous avons à Saint-Pol de Léon, dans un coin de notre Bretagne, une vigne phénoménale qui a quelque célébrité…
— Juste, monsieur Trégomain, mais elle ne saurait être comparée à cet arbre ! »
Non ! et si extraordinaire que soit la vigne de Saint-Pol de Léon, elle eût produit l’effet d’un simple arbrisseau auprès de ce géant végétal.
C’était un banian, — un figuier, si l’on veut, — d’une grosseur de tronc invraisemblable, cent pieds de circonférence au moins à le bien mesurer. De ce tronc, comme d’une tour, sortait une énorme fourche à décuple ramification, dont les branches s’enchevêtraient, se croisaient, se développaient, en couvrant de leur ombre la surface d’un demi-hectare. Immense parasol contre les rayons solaires, immense parapluie contre les averses, impénétrable aux feux comme aux eaux du ciel.
Si le gabarier en avait eu le temps, — car il en aurait eu la patience, — il se serait donné la satisfaction de compter les branches de ce banian. Combien y en avait-il ?… Cela ne laissait pas de piquer sa curiosité.
Or, précisément, elle fut satisfaite. Voici dans quelles circonstances.