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Après une journée fatigante, coupée par la halte de midi, la caravane établit son campement un peu avant le coucher du soleil.

Il y avait là, près d’une sorte de lagon à demi-desséché, une des curiosités naturelles de la région. C’était un arbre, sous lequel la caravane tout entière pouvait s’abriter, et dont l’abri eût été fort apprécié en plein midi pour passer les heures de la méridienne. Les rayons du soleil n’auraient pu percer le dôme de ces frondaisons immenses, étendues comme un velum à une quinzaine de pieds au-dessus du sol.

« Un arbre tel que je n’en ai jamais vu !… s’écria Juhel, lorsque son mulet s’arrêta de lui-même sous les premières ramures.

— Et tel que je n’en reverrai probablement jamais ! répondit le gabarier, en se redressant entre les bosses du chameau qui venait de s’agenouiller.

— Qu’en dites-vous, mon oncle ? » demanda Juhel.

L’oncle n’en dit rien, par la raison qu’il n’avait rien vu de ce qui excitait la surprise de son ami et de son neveu.

« Il me semble bien, dit Gildas Trégomain,