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lui ne quittait guère la superbe plage transformée en promenade. Il se sentait surveillé, il est vrai. Tantôt, c’était Nazim, tantôt c’était Ben-Omar, qui ne le perdaient pas de vue, sans jamais l’aborder. Il feignait, d’ailleurs, de ne point remarquer cette surveillance. Assis sur un banc, absorbé, méditatif, son œil sondant les horizons de la mer Rouge, il cherchait à les dépasser du regard. Et, parfois, tant son imagination subissait l’obsession d’une idée fixe, il croyait voir l’îlot — son îlot — émerger là-bas des brumes du sud… par un effet de mirage, qui se produit fréquemment aux limites de ces grèves sablonneuses, merveilleux phénomène auquel l’œil se laisse toujours tromper.

Enfin, le 11 mars, dans la matinée, le paquebot Oxus eut terminé ses préparatifs de départ, et embarqué le charbon nécessaire à la traversée de l’océan Indien avec les relâches réglementaires.

On ne s’étonnera pas que maître Antifer, Gildas Trégomain et Juhel se fussent rendus à bord dès l’aube, ni que Ben-Omar et Saouk y eussent pris passage après eux.

Ce grand paquebot, bien que destiné plus