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La nuit fut très pénible, pendant que le Steersman, avec grosse houle, naviguait par le travers de la Corogne et du Ferrol. Le capitaine Cip eut même un instant le dessein de relâcher, et peut-être s’y fût-il décidé, si maître Antifer n’avait émis l’avis de tenir bon. Des retards prolongés lui eussent donné quelque inquiétude relativement au paquebot de Suez, qui ne fait qu’une escale mensuelle au golfe Persique. À ces époques d’équinoxe, on peut toujours craindre de tels mauvais temps qu’il soit impossible de les affronter. Donc mieux valait ne point relâcher tant qu’il n’y aurait pas danger évident à continuer sa route.

Le Steersman poursuivit sa navigation à bonne distance des récifs du littoral de l’Espagne. Il laissa sur bâbord la baie de Vigo et les trois pains de sucre qui en signalent l’entrée, puis les pittoresques côtes du Portugal. Le lendemain, à tribord, on releva le groupe des Berlingues, que la Providence a fabriqué tout exprès pour l’établissement des feux qui signalent la proximité du continent aux navires venant du large.

Vous imaginez aisément que, durant ces longues heures inoccupées, on causait de la