Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crainte de perdre sa prime s’il n’assistait pas à la découverte du trésor, de l’autre dominé par l’implacable volonté de Saouk, ne fausserait pas compagnie à maître Antifer. Il arriverait même avant lui à Suez où il l’attendrait non sans quelque impatience.

Cependant le Steersman filait à toute vapeur le long de la côte française. Il n’était pas trop rudement secoué par les vents de sud, trouvant dans une certaine mesure l’abri de la terre. Gildas Trégomain ne pouvait que s’en féliciter. Il s’était promis de mettre à profit ce voyage, d’étudier les mœurs et coutumes des divers pays que le sort l’obligeait à parcourir. Mais, comme c’était pour la première fois de sa vie qu’il prenait le large, il redoutait d’être pris du mal de mer. Aussi promenait-il un regard à la fois curieux et craintif jusqu’à cet horizon où se confondent l’eau et le ciel. Il n’essayait pas de jouer au marin, le digne homme, ni d’affronter les dénivellations du roulis et du tangage en arpentant le pont du steamer. En effet, le point d’appui eût vite manqué à ses jambes, à ses pieds habitués à l’immobile plancher d’une gabare. Assis à l’arrière, sur un banc de la dunette, accoudé ou