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l’Anglais ne manqua-t-il pas de rendre visite au Malouin, et, s’il fut bien reçu dans la maison de la rue des Hautes-Salles, cela va de soi. Quand il apprit que son ami se préparait à partir pour Port-Saïd, il lui offrit, moyennant un prix raisonnable, de prendre passage à bord du Steersman. C’était un bon navire, filant ses onze nœuds par mer calme, et qui n’employait guère que treize ou quatorze jours à franchir les cinq mille cinq cents milles qui séparent la Grande-Bretagne du fond de la Méditerranée. Le Steersman, il est vrai, n’était pas approprié pour un service de voyageurs. Mais des marins ne sauraient être exigeants. On trouverait toujours à disposer une cabine convenable, et la traversée s’accomplirait sans transbordement, — ce qui ne laissait pas de présenter certains avantages.

On comprend donc que maître Antifer eût été tenté. Se claquemurer dans un wagon pendant un si long parcours, ce n’était pas pour lui agréer. À son idée, mieux valait passer deux semaines sur un bon navire, au milieu des fraîches brises de mer, que six jours au fond d’une boîte roulante, à respirer des