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l’ouverture de la soute située sous le plancher de la cabine.

Là étaient accotés les uns près des autres les trois barils cerclés dont il a été fait mention. Le personnage, penché sur la trappe, garda cette attitude quelques instants, comme si la vue de ces barils l’eût hypnotisé. Se redressant alors :

« Non… pas d’hésitation ! murmura-t-il. Si je ne trouve pas un îlot inconnu où je puisse secrètement les enfouir, mieux vaut qu’ils soient jetés à la mer ! »

Il referma la trappe sur laquelle retomba le pan du tapis, et, se dirigeant vers l’échelle de capot, monta sur la dunette.

Il était cinq heures de l’après-midi. Nulle modification dans l’apparence du temps. Un ciel pommelé de légers nuages. À peine incliné sous une petite brise, tout dessus, ses amures à bâbord, le bâtiment laissait traîner à l’arrière une fine dentelle de sillage qui se fondait aux caprices du clapotis.

Son Excellence parcourut lentement du regard l’horizon tracé d’un trait de compas sur un fond d’azur très clair. De la place qu’il occupait, une terre de moyenne hauteur eût été