Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous avouez donc les avoir ?… »

Le notaire était collé au mur. Si habitué qu’il fût à imaginer des échappatoires, il sentit que son adversaire le tenait et que le mieux consistait à se soumettre, ainsi que cela avait été convenu la veille entre Saouk et lui. Aussi, lorsque maître Antifer lui dit :

« Allons, franc jeu, monsieur Ben-Omar ! Assez louvoyé comme cela, et laissez arriver !

— Soit ! » répondit-il.

Il ouvrit son portefeuille, il en tira une feuille de parchemin, sillonnée par les lignes d’une grosse écriture.

C’était le testament de Kamylk-Pacha, rédigé, on le sait, en langue française, et dont maître Antifer prit aussitôt connaissance. Après l’avoir lu en entier, à voix haute, de manière que Gildas Trégomain ne perdît pas un mot de ce que ledit testament contenait, il tira son calepin de sa poche afin d’y inscrire les chiffres indiquant la longitude de l’îlot — ces quatre chiffres pour chacun desquels il aurait donné un des doigts de sa main droite. Puis, comme s’il eût été sur son navire, occupé à prendre hauteur :

« Attention, gabarier ! cria-t-il.