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Dans les premiers jours de l’année 1862, Saouk reçut une lettre l’invitant à se rendre immédiatement à l’étude du notaire Ben-Omar, pour affaire importante.

Saouk connaissait ce notaire, craintif à l’excès, poltron fieffé, sur lequel un caractère déterminé comme le sien devait avoir toute prise. Il se rendit donc à Alexandrie, et demanda assez brutalement à Ben-Omar pour quelle raison il s’était permis de le faire venir à son étude.

Ben-Omar reçut avec obséquiosité son farouche client qu’il savait capable de tout — même de l’étrangler en un tour de main. Il s’excusa de l’avoir dérangé, et lui dit d’une voix engageante :

« Mais n’est-ce pas au seul héritier de Kamylk-Pacha que j’ai cru m’adresser ?…

— En effet, seul héritier, s’écria Saouk, puisque je suis le fils de Mourad qui était son cousin…

— Êtes-vous sûr qu’il n’existe aucun autre parent que vous au degré successible ?…

— Aucun. Kamylk-Pacha n’avait pas d’autre héritier que moi. Seulement, où est l’héritage ?…