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agirent alors. Le commodore Napier s’empara de Beyrouth en septembre 1840, malgré la défense du colonel Selves devenu Soleyman-Pacha. Sidon se rendit le 25 du même mois. Saint-Jean-d’Acre, bombardé, capitula après la terrible explosion de sa poudrière. Méhémet-Ali dut céder. Il fit revenir en Égypte son fils Ibrahim, et la Syrie entière rentra sous la domination du sultan Mahmoud.

Kamylk-Pacha s’était donc trop hâté de regagner son pays de prédilection — celui où il pensait pouvoir tranquillement achever une existence si troublée. Il comptait y rapporter ses trésors, en employer une partie à payer ses dettes de reconnaissance — dettes sans doute oubliées de ceux qui lui avaient rendu service… Et, au lieu d’Alep, c’était au Caire qu’on l’avait jeté dans cette prison où sa vie était à la merci d’ennemis sans pitié.

Kamylk-Pacha comprit qu’il était perdu. L’idée de racheter sa liberté au prix de sa fortune ne lui vint même pas — ou plutôt, telle était l’énergie de son caractère, son indomptable volonté de ne rien abandonner de ses richesses ni au vice-roi, ni à Mourad, qu’il se retrancha dans une obstination