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MIRIFIQUES AVENTURES

Une longue effluence lumineuse caressait la surface de la mer, largement ridée d’un léger clapotis avec la brise matinale.

Après une nuit calme, il y avait apparence que la journée serait belle, — une de ces journées de septembre dont la zone tempérée bénéficie parfois au déclin de la saison chaude.

Le capitaine ajusta sa longue-vue à son œil droit, et, faisant demi-tour, il promena l’objectif sur cette circonférence où se confondaient le ciel et la mer. La longue-vue rabaissée, il s’approcha de l’homme de barre, — un vieux à barbe hirsute, dont le vif regard perçait sous une paupière clignotante.

« Quand as-tu pris le quart ? demanda-t-il.

— À quatre heures, capitaine. »

Ces deux hommes parlaient une langue assez rude, que nul Européen, Anglais, Français, Allemand ou autre, n’aurait reconnue, à moins d’avoir fréquenté les Échelles du Levant. Ce devait être une sorte de patois turc mélangé de syriaque.

« Rien de nouveau ?…

— Rien, capitaine.

— Et depuis ce matin, pas un navire en vue ?…