Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non… et il est préférable que ce soit en un endroit où personne ne puisse nous entendre.

— Il s’agit donc d’un secret ?…

— Oui et non… ou plutôt d’un marché… »

Maître Antifer tressaillit à ce mot. Décidément, si ce particulier lui apportait sa longitude, il ne semblait pas qu’il voulût la lui livrer gratis. Et pourtant, la lettre signée du double K ne parlait pas d’un marché.

« Attention à la barre, se dit-il, et ne laissons pas prendre l’avantage du vent ! »

Puis, s’adressant à son interlocuteur, et lui montrant un coin désert à l’extrémité du port :

« Venez là, dit-il. Nous y serons aussi seuls qu’il convient pour causer de choses secrètes. Mais dépêchons, car il fait un froid sec qui vous coupe la figure ! »

Il n’y avait qu’une vingtaine de pas à faire. Personne sur les bateaux amarrés aux quais. Le douanier de faction se promenait à une demi-encablure de là.

En un instant, tous deux eurent atteint l’angle désert et s’assirent sur un bout de mâture.