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nom !

VORONZOFF. – Wasili Fédor ! Homme de valeur et de courage, son influence sur ses compagnons a toujours été très grande !

LE GRAND-DUC. – Faites entrer cette députation.

On introduit Wasili Fédor et ses compagnons.


Scène II


Les mêmes, Fédor, exilés


LE GRAND-DUC. – Wasili Fédor, tes compagnons et toi, vous vous êtes bravement battus depuis le commencement du siège ! Votre patriotisme n’a jamais failli ! La Russie ne l’oubliera pas !

FÉDOR. – Nous venons demander à Votre Altesse qu’elle nous permette de faire plus encore pour le salut de la patrie.

LE GRAND-DUC. – Que voulez-vous ?

FÉDOR. – L’autorisation de former un corps spécial et le droit de marcher au premier rang.

LE GRAND-DUC. – Soit ! Mais à un corps d’élite il faut un chef digne de le commander. Quel sera ce chef ?

TOUS. – Wasili Fédor !

FÉDOR. – Moi ?

TOUS. – Oui ! oui !

LE GRAND-DUC. – Tu les entends ! C’est toi qu’ils ont choisi ! Acceptes-tu ?

FÉDOR. – Oui... si le bien du pays l’exige ! L’amour de la patrie est toujours vivace au coeur d’un exilé, et nous vous demandons à marcher en avant à la première sortie !

TOUS. – Oui ! oui ! en avant !

LE GRAND-DUC. – Wasili Fédor, tes compagnons sont courageux et forts ! Je doublerai leur courage et leur force ! Je leur donnerai à tous l’arme la plus puissante : la liberté !

TOUS. – La liberté !

LE GRAND-DUC. – À dater de ce moment il n’y a plus de proscrits en Sibérie !

TOUS. – Hurrah pour le Grand-Duc ! Hurrah ! pour la Russie.

FÉDOR. – Altesse, je ne serai pas seule de ma famille à bénir votre nom. J’ai ma fille Nadia, qui en ce moment traverse mille périls pour arriver jusqu’à moi !...

LE GRAND-DUC. – Et au lieu d’un proscrit, ta fille trouvera un homme libre !

UN AIDE DE CAMP, entrant précipitamment. – Altesse, un courrier du czar !

TOUS. – Un courrier !

LE GRAND-DUC. – Un courrier qui a pu arriver jusqu’à nous ! Enfin !... Qu’il entre ! Qu’il entre !...


Scène III


Les mêmes, Ivan.


LE GRAND-DUC. – Qui es-tu ? Parle ! parle vite.

IVAN. – Michel Strogoff, courrier du czar.

LE GRAND-DUC. – D’où viens-tu ?

IVAN. – De Moscou.

LE GRAND-DUC. – Tu as quitté Moscou ?

IVAN. – Le 22 août.

LE GRAND-DUC. – Et qui me prouve que tu es bien un courrier du czar, et que tu m’es envoyé de Russie ?

IVAN, tirant un papier. – Ce permis signé du gouverneur de Moscou, et qui assurait mon passage à travers la Sibérie.

LE GRAND-DUC. – Mais ce permis porte le nom de Nicolas Korpanoff ?

IVAN. – Je voyageais sous ce nom en qualité de marchand sibérien.

LE GRAND-DUC. – Tu as une lettre pour moi ?

IVAN. – J’en avais une écrite de la main du gouverneur de Moscou, mais j’ai dû la détruire pour la soustraire aux Tartares qui m’avaient fait prisonnier.

LE GRAND-DUC. – Approche !... Que contenait cette lettre ?

IVAN. – Ceci : Une armée de secours venue des provinces du Nord arrivera le 28 septembre.

LE GRAND-DUC. – Le 28 septembre !

IVAN. – Que Son Altesse fasse ce jour-là, – mais ce jour-là seulement, – une vigoureuse sortie, et les Tartares seront écrasés !

LE GRAND-DUC. – Ainsi celle que nous devions tenter aujourd’hui, demain... et chaque jour, ne pourrait que nous être funeste ?... C’est dans quatre jours seulement !... Eh bien, quoi qu’il arrive, nous tiendrons jusque-là !

IVAN, à part. – Et demain les Tartares seront maîtres d’Irkoutsk !

LE GRAND-DUC. – Est-ce tout ce que contenait cette lettre du gouverneur de Moscou ?

IVAN. – Non !... Il était aussi question d’un homme dont Votre Altesse doit se défier... un officier russe.

LE GRAND-DUC. – Un Russe ! un officier ! Quel est le nom de ce traître ?

IVAN. – Ivan Ogareff, maintenant le lieutenant de Féodar et organisateur de cette invasion.

LE GRAND-DUC. – Ivan Ogareff, jadis condamné par moi à la dégradation !

IVAN. – Il a juré de se venger de Votre Altesse et de livrer la ville aux Tartares !

LE GRAND-DUC. – Qu’il vienne donc, je l’attends ! Ah ! qu’il méritait bien, ce misérable, le châtiment qui l’a frappé, lui qui devait provoquer plus tard l’envahissement de son pays !

IVAN, froidement. – Il le méritait !

LE GRAND-DUC. – Mais, dis-moi, comment as-tu fait pour pénétrer dans Irkoutsk ?

IVAN. – Pendant le dernier engagement qui vient d’avoir lieu, je me suis mêlé aux défenseurs de la ville, je me suis nommé, et l’on m’a conduit aussitôt devant Votre Altesse.

LE GRAND-DUC. – Tu as montré un grand courage, Michel Strogoff. Que demandes-tu pour prix de tes services ?