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Un éclair les enveloppa tous deux.

« À moi ! » cria José…

Il n’y avait plus qu’un cadavre à cette place. Nouveau Caïn, Martinez fuyait au milieu de la tempête, son arme ensanglantée à la main.

Quelques instants après, deux hommes se penchaient sur le cadavre du gabier, disant :

« Et d’un ! »

Martinez errait comme un fou à travers ces sombres solitudes. Il courait, tête nue, sous la pluie qui tombait à flots.

« À moi ! à moi ! » hurlait-il en trébuchant sur les roches glissantes.

Soudain, un bouillonnement profond se fit entendre.

Martinez regarda et il entendit le fracas d’un torrent.

C’était la petite rivière d’Ixtolucca qui se précipitait à cinq cents pieds au-dessous de lui.

À quelques pas, sur le torrent même, était jeté un pont formé de cordes d’agave. Retenu aux deux rives par quelques pieux enfoncés dans le roc, ce pont oscillait au vent comme un fil tendu dans l’espace.

Martinez, se cramponnant aux lianes, s’avança en rampant sur le pont. À force d’énergie, il parvint à la rive opposée…

Là, une ombre se dressa devant lui.

Martinez recula sans mot dire et se rapprocha de la rive qu’il venait de quitter.

Là, aussi, une autre forme humaine lui apparut.

Martinez revint, à genoux, au milieu du pont, les mains crispées par le désespoir !

« Martinez, je suis Pablo ! dit une voix.

— Martinez, je suis Jacopo ! dit une autre voix.

— Tu as trahi !… tu vas mourir !

— Tu as tué !… tu vas mourir ! »

Deux coups secs se firent entendre. Les pieux, qui retenaient les deux extrémités du pont, tombèrent sous la hache…

Un horrible rugissement éclata, et Martinez, les mains étendues, fut précipité dans l’abîme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une lieue au-dessous, l’aspirant et le contremaître se rejoignaient, après avoir passé à gué la rivière d’Ixtolucca.

« J’ai vengé don Orteva ! dit Jacopo.