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teur des villes de San-Miguel et de Guanaxato, après s’être divisée en trois branches, elle va se perdre jusqu’au cinquante-septième degré de latitude nord.

Entre le port d’Acapulco et la ville de Mexico, distants l’un de l’autre de quatre-vingts lieues, les mouvements de terrain sont moins brusques et les déclivités moins abruptes qu’entre Mexico et la Vera-Cruz. Après avoir foulé le granit qui se montre dans les branches voisines du grand Océan, et dans lequel est taillé le port d’Acapulco, le voyageur ne rencontre plus que ces roches porphyritiques, auxquelles l’industrie arrache le gypse, le basalte, le calcaire primitif, l’étain, le cuivre, le fer, l’argent et l’or. Or, précisément, la route d’Acapulco à Mexico offrait des points de vue, des systèmes de végétation tout particuliers, auxquels prenaient ou ne prenaient pas garde deux cavaliers qui chevauchaient l’un près de l’autre, quelques jours après l’arrivée au mouillage du brick la Constanzia.

C’étaient Martinez et José. Le gabier connaissait parfaitement cette route. Il avait tant de fois arpenté les montagnes de l’Anahuac ! Aussi, le guide indien qui leur avait proposé ses services avait-il été refusé, et, montés sur d’excellents chevaux, les deux aventuriers se dirigeaient rapidement vers la capitale du Mexique.

Après deux heures d’un trot rapide qui les avait empêchés de causer, les cavaliers s’arrêtèrent.

« Au pas, lieutenant, fit José tout essoufflé. Santa Maria ! j’aimerais mieux chevaucher pendant deux heures sur le grand cacatois, pendant un coup de vent de nord-ouest !

— Hâtons-nous ! répondit Martinez. — Tu connais bien la route, José, tu la connais bien ?

— Comme vous connaissez celle de Cadix à la Vera-Cruz, et nous n’aurons ni les tempêtes du golfe, ni les barres de Taspan ou de Santander pour nous retarder !… Mais au pas !

— Plus vite, au contraire, reprenait Martinez, en éperonnant son cheval. Je redoute cette disparition de Pablo et de Jacopo ! Voudraient-ils profiter seuls du marché et nous voler notre part ?

— Par saint Jacques ! Il ne manquerait plus que cela ! répondit cyniquement le gabier. Voler des voleurs comme nous !

— Combien avons-nous de jours de marche à faire avant d’arriver à Mexico ?

— Quatre ou cinq, lieutenant ! Une promenade ! Mais au pas ! Vous voyez bien que le terrain monte sensiblement ! »